Limousin : participation de la jeunesse à la vie publique régionale

Le CESE a été saisi par le gouvernement pour rendre un avis sur la place de la jeunesse dans La ruralité. Dans le cadre de cette saisine il a pu s’appuyer sur les travaux de plusieurs CESER. C’est le cas d’un avis adopté par l’ex CESER du Limousin en 2015 sur la participation de la jeunesse à la vie publique régionale. Nous avons demandé à une de nos responsables  de nous en parler.

 

Les problématiques de citoyenneté et de participation des Jeunes aux élections sont récurrentes ; l’acuité en semble renforcée du fait de la sensibilisation de tous, élu-e-s compris.es, aux «fractures» multiples de notre société. Depuis le 1er conseil municipal d’enfants en 1979, les initiatives sont multiples. La création du Conseil Régional des Jeunes (CRJ) en 2005 relevait  participation-des-jeunes-a-la-vie-publique-regionale1-glisseesde la même démarche. En 2014, l’ajout du  FCJL, avec 200 Jeunes de 15/21 ans, à la disposition des conseillers régionaux pour demander des avis, a fait évoluer le dispositif: ce sont 30 jeunes issus du FCJL qui constituent le CRJ.
Le CRJ présidé par le Président du Conseil Régional, est un dispositif de démocratie participative qui se veut apolitique, pour les 15/21 ans : parité filles/garçons, représentation départementale, vote par internet, avec sept objectifs principaux prédéfinis et des moyens financiers. Il a initié des projets (égalité homme-femme, solidarité, développement durable, Mémoire, transport, culture) et a représenté les jeunes dans des instances.

Le groupe de travail CESER a adressé un questionnaire au FCJL et au CRJ; il a pu utiliser l’évaluation du fonctionnement du CRJ lancée en 2012 par la Région, a complété par des auditions, et des rencontres avec FCJL et CRJ. L’analyse est en 3 points :

  • participation des jeunes à la vie publique régionale
  • enjeux à l’échelle de Nouvelle Aquitaine
  • dynamique de participation des jeunes en Nouvelle Aquitaine

Les deux autres CESER antérieurs à la fusion ont participé aux travaux.

capture-decran-2016-11-15-a-21-56-48Le bilan final est décevant. Des actions solidaires ont abouti (Burkina Faso, Internet à l’hôpital), ainsi que culturelles (festival Vache’ment jeune) ou citoyennes. Mais la mobilisation des jeunes est plutôt faible, irrégulière, la représentativité (sous-représentation des apprenti-e-s ou actif.ve.s) limitée, les relations avec l’institution régionale réduites.

En fait on peut formuler trois remarques. D’abord, une des questions de fond est que les jeunes sont « à la disposition » des élu-e-s. Leur marge d’initiative est très réduite. Sans doute, c’est que l’organisation de ces deux instances a été surtout menée par des acteurs qui ne sont pas les jeunes eux-mêmes.

En second lieu « l’apolitisme » n’assure aucune garantie particulière ; par contre il ne donne aucun sens à l’engagement qui est demandé aux jeunes. Les bases sur lesquelles s’engagent généralement un jeune sont claires et liées à des valeurs et une efficacité concrète. Sept objectifs principaux, c’est trop.

Et surtout la politique jeunesse ne doit pas être un affichage flatteur qui sert la  propagande d’une majorité régionale.

A l’échelle de Nouvelle Aquitaine, les enjeux sont  d’associer les Jeunes à la gestion publique, dans un nouveau territoire, et de mener une politique jeunesse pertinente. L’apprentissage de la citoyenneté reste un objectif et doit permettre l’acquisition de compétences liées au montage de projet.

Des dispositifs de participation existent : consultation ponctuelle, événements organisés, accompagnement de projets, instances de jeunes… Pour les désignations en instances, l’ex CESER est attaché à l’élection. L’implication des jeunes dans la vie publique régionale doit être recentrée, en corrigeant les dysfonctionnements repérés en Limousin : projets initiés par les jeunes, représentation des jeunes dans toutes les instances, participation aux choix régionaux dans toutes les politiques régionales avec auto saisine possible.

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Côté pratique : il faut traiter les difficultés de mobilité/disponibilité dans une région de 12 départements et il est nécessaire d’unifier les dispositifs. L’expérience Poitou-Charentes d’un budget participatif attribué à chaque lycée et EREA ainsi que d’animateurs culturels, est intéressante. Côté principe : comme en Limousin il faut une représentation permanente.

Dans ses propositions, l’ex  CESER privilégie la création d’une « Conférence Régionale de la Jeunesse » : représentation permanente, réalisation de projets. Au niveau local: des « Commissions Territoriales de Jeunes » avec 4 principaux collèges : lycéen-nes, apprenti-es, étudiant-es, jeunes actifs ou en recherche d’emploi. Des modalités d’élection, à définir, pourraient s’appliquer dans le cadre scolaire (lycées, CFA, EREA, Enseignement Sup). Région, Conseillers jeunes, établissements scolaires, organisations de Jeunes sont des acteurs indispensables. Parallèlement, les principaux mouvements de Jeunes, doivent trouver leur place dans le CESER.

L’accompagnement des Jeunes, dans un dispositif adapté, est une condition nécessaire. L’articulation des temps de vie doit être pensé efficacement. Les coûts de transport sont à traiter. Un vrai travail avec les élu-e-s doit se construire.

 

Par Patricia Barbaud-Vaury, représentante FSU à l’ex CESER Limousin

Liens utiles :

L’avis  : http://www.ceserlimousin.fr/wp-content/uploads/2015/10/Participation-des-jeunes-à-la-vie-publique-régionale1.pdf

Sites web : http://www.ceserlimousin.fr  et http://ceser-alpc.fr