Delphine Lalu

Delphine Lalu est membre du « groupe des associations » au CESE où elle représente les fondations. Elle est présidente de la section des affaires économiques. Nous lui avons demandé de nous parler du travail de sa section 

1) Comment es-tu devenue présidente de la section des affaires économiques ?

C’est le groupe des associations qui dans les discussions avec les autres groupes et le président du CESE sur la gouvernance du Conseil  m’a proposée. Mais je suis heureuse de présider cette section qui était autrefois celle des activités productives : je suis la première femme à le faire mais c’est aussi la première fois que le groupe des associations se voit confier la responsabilité de cette section.

En outre les sections sont par excellence au CESE le lieu du débat, de l’échange, de la confrontation des points de vue et de la construction collective des analyses et des avis et le rôle du/ de la  président.e, qui n’est pas cadré par le règlement, est de faire vivre ce débat et ce travail indispensables. Je trouve cela intéressant et gratifiant.

Par ailleurs il se trouve que je viens du monde de la protection sociale et de l’Economie Sociale et Solidaire, ce qui me donnait une certaine compétence dans ce domaine.

2) La section a commencé a travailler mais n’a pas encore produit d’avis ?

En fait si : nous avons fait une contribution pour le rapport annuel sur l’Etat de la France et nous avons voulu que cette contribution soit traitée comme un avis : j’ai proposé comme rapporteure une collègue de la CGT car cette organisation avait fortement porté l’idée que la la question de la recherche devait être prioritaire ; nous avons même pu procéder à une audition et le texte a été voté en section.

3) En dehors de cela un avis est bien en cours d’élaboration sur la coproduction à l’heure du numérique et ses conséquences en matière d’emploi et de consommation ainsi qu’une étude qui porte sur le revenu d’existence. Pourquoi ces choix ?

Nous parlons de revenu citoyen car la rapporteure CFDT est très attachée à cette dénomination, mais on peut dire revenu d’existence, revenu universel, revenu de base… les termes sont nombreux et cette question fait partie du débat.

Pour en venir aux raisons de nos choix, je dois dire que lors de l’installation du conseil la section avait un agenda totalement libre : nous n’avions à poursuivre aucune saisine engagée lors de la précédente mandature et 75% des membres étaient comme moi de nouveaux.elles conseiller.e.s. Nous avons donc, en parallèle avec le débat sur les orientations stratégiques du CESE, débattu de nos propres orientations stratégiques à partir du bilan de ce qui avait été fait. Il y a eu très vite un consensus autour de l’idée qu’il fallait, en dépit des nombreux travaux déjà effectués sur ce thème, continuer de penser la compétitivité, les activités de production et la transformation économique avec un objectif: l’emploi et sa qualité. Nous sommes tous confrontés à des transitions (numérique, environnement..) dont on a du mal à prévoir les effets et il importe de réunir les différentes familles de pensée pour y réfléchir.

Le premier sujet en découle : il s’agit d’examiner comment le consommateur dans ses actes d’achat est littéralement mis au travail, de manière choisie ou non, et quelles en sont les conséquences pour lui et pour l’emploi. Nous sommes en train de terminer le rapport et nous allons à la rentrée travailler sur les préconisations de l’avis : certaines seront à destination des acteurs, d’autres vont sans doute concerner le monde de la recherche et l’éducation

4) L’autre sujet est une étude qui ne débouchera pas sur un avis avec des préconisations ?

Je n’aurais sans doute pas eu d’accord dans la section si on avait proposé un avis parce que le revenu citoyen est un sujet qui suscite du dissensus difficile à surmonter dans un délai rapproché : outre la question du nom il y a débat sur sa conception au sein même de ses partisans, entre par exemple une approche Keynesienne qui y voit un moyen de développer la consommation et les libertariens qui souhaitent par là remettre en cause la répartition des revenus. Et certains se demandent si ce débat n’occulte pas le sujet prioritaire du travail et de sa qualité. D’autre part nous avons choisi d’aborder la question sous un angle qui correspond aux missions de notre section : quels effets pour les activités économiques ? Ce n’est évidemment qu’une partie de la question qui a besoin d’être examinée sous d’autres angles. Notre espoir est que cette étude qui doit identifier des sujets de débat suscitera dans le CESE d’autres approches que l’on pourra croiser dans un travail ultérieur plus transversal.