Retour sur avis: la réussite de tous toujours d’actualité !

Dans le cadre de la mission de suivi des avis, la commission Éducation, Culture et Communication est revenu le 15 décembre dernier sur l’avis de Marie Aleth Grard Une École de la réussite pour tous rendu en 2015. En plus de l’importance du sujet, la méthode utilisée alors a permis un travail croisé avec les travaux de Jean Paul Delahaye qui, au même moment, était en charge d’un rapport sur Grande pauvreté et réussite scolaire. Marie Aleth Grard nous éclaire sur ces travaux.

Comment ce sujet a-t-il vu le jour ?

ATD Quart Monde après avoir travaillé de 2008 à 2012 avec des partenaires (FSU/SNUipp, SGEN CFDT, SE UNSA, ICEM Freinet, AGSAS, GFEN, CRAP cahiers pédagogiques, FCPE, PEEP , APEL) sur la question de la relation école/famille a souhaité aller plus loin et mettre la question de la réussite de tous au cœur d’un travail du CESE. Nous avions souhaité en 2014 que le Ministre Vincent Peillon saisisse le CESE de cette question. Hasard du calendrier et des vicissitudes de la vie politique Jean-Paul Delahaye (alors à la DGESCO) que nous avions rencontré plusieurs fois, démissionne et reçoit mission de travailler sur « Grande pauvreté et réussite scolaire ». Dans sa lettre de mission il est écrit que la rapporteure du CESE qui travaille sur l’école de la réussite de tous doit travailler avec lui, de même dans la lettre de saisine du CESE il est écrit que Jean Paul Delahaye se joindra à nos travaux, jusqu’à venir les présenter avec la rapporteure en séance plénière en Mai 2015. Si le CESE a pour sujet l’école de la réussite pour tous, la rapporteure que je suis (représentante d’ATD Quart Monde au CESE et vice présidente de ce Mouvement) n’imagine pas un instant réaliser ce travail sans faire participer activement des parents qui ont l’expérience de la grande pauvreté à ces travaux. Ce travail est atypique pour le CESE car nous avons démarré par une première journée d’auditions sur le terrain avec les membres de la commission éducation, mais également avec un groupe « Croisement » que j’ai formé composé de 30 personnes. Ce groupe a pour mission de travailler sur les « principales » auditions de la commission du CESE et de venir ensuite au CESE durant trois séances pour travailler avec les conseillers, afin de formuler ensembles des préconisations sur l’école de la réussite pour tous. Ce groupe « Croisement » est composé de 5 chercheurs, 5 enseignants, 5 acteurs de quartier (centre social, éducateur de rue …), 5 parents d’élèves qui n’ont pas connu la grande pauvreté, 10 parents qui ont connu la grande pauvreté. Cette méthode a transformé nos travaux, nous sommes allés plus loin dans les préconisations les travaux avec ce groupe « croisement » légitimant les possibilités d’aller plus loin en parlant de pédagogie par exemple.

Quels sont les principaux leviers identifiés ?

Ces leviers sont de trois ordres. Tout d’abord, il s’agit de la formation des enseignants. Formation à la connaissance des différents milieux sociaux, à la relation parents / enseignant, mais également à des pédagogies qui permettent vraiment la réussite de tous (coopération, différenciée, …). Un autre levier est celui de l’élaboration de pratiques pédagogiques innovantes. Il est ensuite question d’un traitement plus inclusif des difficultés scolaires pour tous et toutes dans tous les territoires. Enfin, il est nécessaire d’ouvrir davantage l’école « lieu social ».

Et maintenant que devient cet avis ?

Cet avis très diffusé encore aujourd’hui montre combien cette question de la réussite de tous est toujours très présente au cœur du débat et des préoccupations des professionnels de l’éducation, comme des parents. Avec la crise sanitaire que nous vivons depuis deux ans, la réussite de tous est plus que jamais d’actualité. Les professionnels de l’éducation et nombre de parents sont inquiets car ils sont nombreux les enfants a être très marqué par cette période. La période du Covid et plusieurs conséquences. Cette crise a terriblement dégradée les relations parents/enseignants, mais également la confiance que les enfants, les jeunes pouvaient avoir dans l’école. Pour les enseignants, qui n’ont eu aucun moment pour en parler entre eux, pour se poser, se dire leurs questions, leurs inquiétudes, etc … la période est très rude. Des enfants de maternelle de milieu défavorisé sont arrivés à l’école en septembre 2021 avec un décalage bien plus grand que d’habitude, langage, propreté, socialisation, etc …Certains élèves après le premier confinement sont restés des semaines prostrés en classe. Comment réagir ? Comment ne pas céder à la tentation d’une orientation précoce qui obérera son avenir dans le système scolaire ordinaire ? Et 100 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire avec rien, aucun diplôme, aucun avenir…Le sujet est donc toujours d’actualité.