Préparé par la délégation à l’Outre-mer et rapporté par Isabelle Biaux-Altmann, représentante de Saint Martin, l’avis adopté par le CESE préconise un ensemble de mesures importantes pour développer et valoriser les langues régionales en outre-mer, faisant de ce développement un enjeu de cohésion sociale et de justice.
L’avis est accompagné d’un rapport qui fait une analyse à la fois documentée et solide de la situation des langues régionales en outre-mer et des politiques conduites jusqu’à présent en ce domaine. Il en montre les conséquences en termes de discriminations, d’accès aux droits et d’échec scolaire. En cela il rejoint les analyses de notre dernier congrès.
L’avis pointe lui-même ces enjeux et se place dans une perspective de lutte contre ces discriminations, d’égalité dans l’accès aux droits et de réussite scolaire et il fait un ensemble de propositions qui portent à la fois sur l’enseignement de ces langues, leurs reconnaissance complète (certaines ne sont pas encore reconnues par les politiques publiques) et leur usage en complément de la langue française.
En matière d’enseignement il prend le contrepied de l’idée fausse selon laquelle l’apprentissage des langues régionales serait une source d’échec pour les enfants et montre qu’au contraire ce peut être un facteur de réussite surtout si cet apprentissage est précoce. C’est pourquoi il préconise que cet enseignement soit offert de façon systématique dès l’enseignement primaire et à tous les niveaux de la scolarité, enseignement supérieur compris, et il critique sur ce point la réforme du baccalauréat. Il préconise que des crédits fléchés soient mis en place et insiste sur la formation, notamment continue, des personnels, rejoignant en cela nos demandes.
Un autre volet de préconisations porte sur une meilleure connaissance et reconnaissance des langues régionales outre-mer avec notamment la préconisation de renforcer la visibilité et la valorisation de ces langues dans le groupe France Télévision et de maintenir France Ô mais aussi celle de soutenir la tenue d’États généraux du plurilinguisme en 2021 à la Réunion.
Enfin il plaide pour la reconnaissance officielle de la diversité des langues en outre mer, notamment dans les services publics pour lesquels il recommande le développement des pratiques de traduction qui permettent de faciliter l’accès aux droits par exemple en matière de santé, de justice, de police…Il préconise également que les fonctionnaires venant de métropole soient au moment de leur arrivée sensibilisés à la question de la diversité linguistique et se voient ultérieurement proposer des formations continues. Enfin faisant le constat que la réforme constitutionnelle qui avait reconnu les langues régionales comme faisant partie du patrimoine national n’a pas produit d’effets significatifs il demande qu’une loi constitutionnelle permette la ratification par la France de la Charte Européenne des langues régionales ou minoritaires.
Cet avis articule ainsi de façon positive un ensemble de propositions le plus souvent très concrètes qui visent non pas à supplanter l’usage de la langue française mais, par la valorisation de la diversité des langues régionales, à mieux faire vivre la promesse républicaine d’égalité.
Par Gérard Aschieri
pour lire le rapport et l’avis : ici