CESER Bretagne: « En Bac Pro, et après ? »

La FSU n’ayant qu’un seul siège au CESER de Bretagne, la commission Formation-emploi-éducation est la seule commission où elle est représentée. Malgré son faible poids, la FSU est parvenue à imposer l’idée d’une étude sur les lycées professionnels.

C’est déjà en soi une victoire car il n’était pas évident d’amener les membres de la commission, en particulier les patrons, à accepter de se pencher sur des questions éducatives et plus encore sur les lycées professionnels alors qu’ils n’ont d’yeux que pour l’apprentissage.

Cette étude se signale tout d’abord par une démarche assez inhabituelle : une très grande partie de notre travail repose en effet sur le recueil de la parole des jeunes grâce à près de 90 interviews de lycéen.nes rencontré.es dans leurs lycées professionnels ; à quoi il faut ajouter des séquences collectives dans des classes et un questionnaire en ligne. Tout cela a exigé un très gros travail de préparation en amont. Compte tenu du temps dont nous disposions l’étude n’a pas pu aborder les parcours de CAP, nous avons dû nous limiter aux parcours des bacheliers pro.

Le principal enseignement de cette étude c’est d’abord la grande diversité des parcours des jeunes : tou·tes n’ont pas choisi, loin de là, la voie pro par goût pour un métier ; une partie voulait continuer « autrement qu’en général », et beaucoup nous ont dit vouloir faire tout autre chose après leur bac. Beaucoup sont aussi passé.es par différents « essais », par une autre filière pro ou une 2de GT, l’apprentissage… Tout cela a bousculé les certitudes de certains membres de notre commission car on est très loin de la « pensée magique » qui croit qu’une « bonne orientation » consiste à mettre un.e jeune dans la bonne « case métier » et à ajuster les formations à la demande des entreprises.

Partant de ce constat notre étude fait un certain nombre de recommandations pour ouvrir le champ des possibles aux jeunes afin que le système éducatif donne réellement à chacun.e le « droit d’essayer et de se tromper » : cela passe par une offre de formation plus diversifiée sur un même lycée ou un même territoire, par le développement de la polyvalence des lycées, par des passerelles ou encore par des solutions de transport et par davantage de places en internats. Autant de points qui regardent directement les politiques régionales.

Tout cela est essentiel pour permettre aux jeunes de ne pas être assigné.es, à un territoire ou à un parcours « tout fait ». Car ce que montre également notre étude, c’est le poids des déterminismes (familial, de genre, mais aussi spatial) qui pèsent d’autant plus fort sur les élèves les plus jeunes, de milieux modestes, ou moins armé.es scolairement. D’où l’importance de l’accompagnement pour les aider à s’y retrouver et surtout afin qu’ils s’autorisent à se projeter dans un avenir conforme à leurs goûts.

L’étude fait également une analyse des poursuites d’études des bachelier.es pro : nous avons travaillé sur la base de ParcourSup accessible en Open data et jusqu’ici inexploitée dans l’académie. Cela nous a permis entre autres d’évaluer l’impact des différentes mesures en faveur des bachelier·es pro en BTS. Si le BTS reste une marche encore haute pour beaucoup, il est aujourd’hui entrée dans tous les esprits. En revanche l’étude montre la faible part des bachelier·es pro admis.es en soins infirmiers (IFSI) ou dans la formation au travail social (IFAS) dans l’académie, nettement moins qu’au niveau national.

Cette étude vraiment très riche sera assurément un point d’appui pour les interventions de la FSU que ce soit sur la Carte des formations, sur la polyvalence des lycées, ou le développement des internats, etc, ainsi que dans les discussions qui vont commencer pour le renouvellement du CPRDFOP. Bien sûr ce n’est pas un document syndical et il y a quelques aspects auxquels la FSU ne souscrirait pas à 100%, mais pour une large part ce qui est dit rejoint ce que nous portons.

Présentée en séance plénière le 4 octobre dernier, l’étude a été approuvée à l’unanimité du CESER. Elle vient d’être publiée* et elle commence à être « valorisée » par différentes communications au niveau régional ce qui aussi une occasion de mettre en lumière les lycées professinnels dans notre région après des années de politiques centrées sur l’apprentissage.

Au sein de notre CFR le travail d’appropriation collective a déjà commencé avec une première présentation lors de notre dernier CFR et il va se poursuivre avec l’aide du groupe « emploi-formation » où se retrouvent régulièrement des camarades du SNUEP, du SNES, du SNETAP et du SNU-Pôle emploi.

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*L’étude et sa synthèse peuvent être consultées sur le site du CESER : https://ceser.bretagne.bzh/jcms/prod_482295/fr/en-bac-pro-et-apres?lg=fr