L’urgence climatique et la perte de biodiversité imposent une transition rapide et forte qui interroge nos sociétés et modes de vies dans toutes leurs composantes pour aller vers plus de sobriété. Cette transition est un vecteur indispensable pour demeurer en dessous des 2 °C d’augmentation globale de la température et inverser la courbe d’érosion de la biodiversité. Le CESE a mené des travaux pour traiter de « Quelles politique pour favoriser l’évolution des modes de vie vers la sobriété ? »
Pour le CESE, la sobriété est un ensemble de mesures, d’organisations collectives et de pratiques du quotidien, qui évitent et réduisent la demande en énergie, matériaux, sol et eau tout en assurant le bien-être pour toutes et tous dans les limites planétaires. Le 7 novembre dernier lors de la COP 27 qui s’est tenue en Egypte, le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a sonné le tocsin en déclarant que « Face au réchauffement climatique et à ses impacts qui s’accélèrent, l’humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif ». Un avertissement salutaire qui est aussi une invitation à agir vite si nous ne voulons pas laisser aux générations futures une Terre inhabitable à cause de notre inconscience ou de notre égoïsme.
Cet avis pose les premiers jalons qui permettent de répondre à cette alerte et il sera d’une grande utilité si les décideurs acceptent de s’en inspirer pour agir. Parmi les 19 préconisations de l’avis, plusieurs sont essetielles pour tendre vers un changement de nos modes de vie et pour modifier notre vision du monde qui ne devrait plus être fondée sur «l’avoir toujours plus», la concurrence, la compétition mais sur le bien-être, la solidarité et la coopération. Des préconisations dont nombre d’enrtre elles prennent en compte la question centrale de la justice sociale, de la répartition des richesses mais qui évoquent aussi une nécessaire reprise en main de l’économie et de l’organisation du monde par la puissance publique. Or, face aux bouleversements en cours et aux catastrophes qui s’annoncent, nous n’avons jamais eu autant besoin de cette réappropriation. Agir contre les inégalités sociales et de genre dans la conception des politiques de sobriété est maintenant une nécessité. Il convient plus particulièrement d’engager une réforme de la fiscalité appliquée à la consommation, au carbone, intégrant les principes de progressivité et de redistribution, visant la limitation de l’empreinte carbone, et notamment celle des produits importés. Il est nécessaire également d’organiser un débat national visant à définir les critères de répartition des efforts, et à inscrire la sobriété dans les politiques et la législation européennes afin de promouvoir une coordination et les ajustements nécessaires des politiques structurantes vis-à-vis des enjeux de sobriété (commerce, agriculture industrie, transports, recherche, développement et innovation, énergie-climat…), notamment au travers des prismes du marché intérieur, du droit de la concurrence et des traités de libre-échange.
https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Fiches/2023/FI01_evolution_societe_sobriete.pdf