Equipements sportifs dans les lycées: traiter les inégalités

Le CESER de PACA a voté en décembre dernier un avis sur les équipements sportifs et les lieux de pratique de l’EPS dans les lycées. Les lycéen-nes ne sont pas logé-es à la même enseigne. Si certains élèves peuvent disposer de locaux et d’équipements au sein de leur établissement pour d’autres l’établissement scolaire est peu voire pas du tout doté de lieux pour la pratique sportive.

L’objectif de cette auto-saisine.

Les lycéen-nes doivent pratiquer une activité sportive dans le cadre de l’EPS : les horaires et les pratiques sont précisés dans les programmes scolaires, l’EPS fait partie du tronc commun, elle est évaluée pour le BAC, peut faire l’objet d’un enseignement de spécialité et d’un enseignement supplémentaire facultatif. Dans le cadre de l’association sportive, les élèves peuvent être amenés à pratiquer un sport en dehors du temps scolaire.

Or, tous les lycéen-nes ne sont pas logé-es à la même enseigne. Certains élèves peuvent disposer de locaux et d’équipements au sein de leur établissement ou, parce que l’établissement scolaire est peu voire pas du tout doté de lieux pour la pratique sportive, devoir se déplacer sur des lieux extérieurs. Dans ce dernier cas, il y a donc des temps de déplacements : dans la plage horaire consacrée à l’enseignement de l’EPS, il faut alors compter le trajet et la séance disciplinaire sera plus courte que lorsque l’équipement sportif est intégré au lycée.

Il s’agit donc de faire un état des lieux de ces inégalités en matière d’équipement, de voir comment les réduire et aussi d’évaluer leur maintenance. A la marge, le CESER a aussi voulu se pencher sur la mutualisation de ces équipements : les lycées se servent de terrains, de gymnases, de piscines … appartenant à des collectivités territoriales diverses mais ils prêtent aussi leurs équipements propres à des associations ou à des collectivités.

Etat des lieux régional.

La région PACA prend en compte cette problématique lorsqu’elle construit de nouveaux établissements, elle procède aussi à des rénovations mais souvent le foncier n’est pas disponible et l’espace manque en particulier en ville pour des lycées qui datent de plusieurs dizaines d’années. Il est à noter, qu’en revanche, la construction de piscines n’est pas à l’ordre du jour même lors d’une nouvelle construction, la région préfère mutualiser cet équipement qu’elle considère comme trop coûteux à entretenir.

Les auditions ont pu montrer que les mutualisations se passaient bien. Le SNEP-FSU qui a fait un travail de recensement sur ce sujet dans le cadre du CHSCT, a été auditionné de même que l’IPR chargé de la discipline : ils mettent en avant une bonne structure de coordination au sein des rectorats et des enseignant-es qui s’adaptent plutôt bien aux différentes situations. La règle est que 70% de l’horaire de la séance soit consacré à la pratique sportive. Les temps de trajet restent raisonnables mais il est certain que des élèves étudiant dans les lycées sans équipement intégré reçoivent moins d’heures d’EPS.

L’audition du SNUTER-FSU a mis en lumière des problèmes de maintenance : il faut une formation spécifique sur les équipements sportifs et celle-ci est peu développée. Les EVIS (Espaces Verts et Installations Sportives) qui sont des agents spécialisés sont trop peu nombreux : d’après le SNUTER, il y aurait environ une trentaine d’EVIS pour toute la région PACA, la plupart ayant plutôt une formation « espaces verts » que maintenance des installations sportives. Les agents sont globalement satisfaits des conventions (actées en Conseil d’administration) qui prévoient les situations d’utilisations, tâches, responsabilités, et prises en charge financière des associations ou collectivités qui utilisent les équipements intégrés. En effet cela n’engendre pas de travail supplémentaire pour eux ou alors, c’est un travail supplémentaire rémunéré qui est fait avec l’accord des agents du lycée.

Il est cependant étonnant de constater que les services de la Région n’ont jamais compilé toutes ces conventions et ne savent pas vraiment qui mutualise quoi. De plus, les charges générées (eau, électricité…) restent à la charge de la Région notamment à travers la dotation de fonctionnement attribuée au lycée, et les tarifs proposés par cette dernière aux tiers dans le cadre de ces conventions sont très inférieurs aux tarifs que les autres collectivités lui appliquent.

Nos propositions.

Pour des raisons de sécurité mais aussi d’économie, il est important de former les agents techniques et de créer des équipes mobiles spécialisées. Il faudrait aussi harmoniser les conventions et faire en sorte que les deux parties (la Région d’un côté et la collectivité qui prête ou utilise un équipement intégré au lycée) paient la même chose pour le même service.

Pour compenser les inégalités entre élèves qui découlent de la présence ou non d’équipement intégré, on peut imaginer, une ou deux fois dans l’année en plus de l’horaire dédié à l’EPS, une pratique sportive ponctuelle sur un temps plus long. Les élèves pourraient partir une journée ou plus par exemple pour pratiquer un sport de pleine nature plutôt que de se déplacer plusieurs fois. Cela permettrait de développer certaines activités sportives peu pratiquées. Cela nécessite un financement de la Région (transport …) mais cette dépense serait bénéfique pour les élèves et pour les associations ou lieux régionaux qui proposent des activités de pleine nature (bases nautiques, sport de montagne…). On peut aussi utiliser davantage les espaces urbains comme les parcs, les friches … à proximité des établissements.

Enfin, il serait intéressant d’avoir une application unique pour la réservation des lieux utilisés pour les pratiques sportives, à ce jour il existe une multitude d’interfaces pour réserver les créneaux d’occupation d’une ville à l’autre, d’un département à un autre … les procédures de mise en œuvre de mutualisation sont différentes. Toujours dans un souci de cohérence, il faudrait mettre en place une cartographie précise des installations existantes. Cela permettrait d’ailleurs de mieux se projeter lorsqu’une nouvelle implantation d’équipements est construite et d’envisager dès le départ les mutualisations à venir.

Les propositions faites par le CESER restent modestes et ne sont pas révolutionnaires. Il est difficile de compenser des inégalités entre élèves qui proviennent de constructions de lycées réalisées il y a plusieurs décennies alors que les pratiques sportives étaient peu développées. On ne peut pas tout détruire et reconstruire, les rénovations ne peuvent pas tout résoudre. Pour autant, on peut améliorer l’existant sans compter que les conditions de travail de nos collègues d’EPS sont aussi un enjeu de cet avis, de même que la formation des agents techniques : c’est ce que les élu-es FSU ont porté en ayant à cœur de diminuer les inégalités entre les élèves de notre région.

L’avis complet https://ceser.maregionsud.fr/travaux/detail/2022-les-equipements-sportifs-integres-aux-lycees-regionaux-de-provence-alpes-cote-dazur-1

La synthèse https://ceser.maregionsud.fr/travaux/detail/2022-les-equipements-sportifs-integres-aux-lycees-regionaux-de-provence-alpes-cote-dazur

Maryvonne Guigonnet et Richard Ghis représentants FSU au CESER Paca