Pays de Loire : la culture pour faire société

 Une des vertus accordées à la Culture dans toute sa diversité est l’ouverture aux autres, au monde et à ses représentations. Tout en faisant partager des intérêts communs, la Culture interpelle sur ce qui fait conflit et aide à la compréhension du monde. Mais encore faut-il qu’elle soit accessible à toutes les populations. La Culture est, depuis la loi NOTRe une compétence partagée entre l’État et les collectivités.

Les Régions ont toute légitimité pour contribuer à l’enrichissement des politiques publiques culturelles. Une étude du CESER des Pays de la Loire pose comme postulat que la Culture doit autant être « consommée » que pratiquée.

Ses auteurs considèrent comme une absolue nécessité de soutenir simultanément professionnels et réseaux amateurs, d’adapter l’offre aux besoins de populations éloignées pour que l’art devienne un ferment d’émancipation.

La région administrative des Pays de la Loire s’est nourrie de l’assemblage d’identités composites de ses habitants  et d’une grande variété d’approches culturelles. La société ligérienne se caractérise par une double culture issue d’un socle d’activités paroissiales, de la forte présence de l’école privée, qui a contribué au développement en parallèle d’un puissant dynamisme laïque. Cette bipolarisation a généré une pratique associative particulièrement riche dont les réseaux de la culture sont largement alimentés : cinéma associatif, théâtre amateur, chant choral, jusque dans des formes actuelles de cultures urbaines.

La vitalité du théâtre amateur atteste de ces capacités de mises en réseau et collaborations entre professionnels et amateurs. Des initiatives cinématographiques remarquables, dont certaines d’envergure nationale, se déploient sur tout le territoire, à l’instar du Festival Premiers plans à Angers en lien avec les écoles et les structures socio-éducatives et culturelles. Mais la culture ne se réduit pas à l’art, c’est aussi l’histoire, la science, le fait religieux, les pratiques culinaires, le patrimoine…

Faire bouillons de cultures sur les différents territoires suppose ne pas entrer dans une conception figée de l’expression culturelle et des esthétiques artistiques. En matière de politique publique cette vigilance est essentielle : les appels d’offres et règles de financement ne sont jamais neutres. Pouvoir vivre de son art est une condition première qui ne concerne pas que le spectacle vivant. La dimension économique de l’activité culturelle se mesure en termes d’emplois directs et indirects, à la valeur ajoutée de ses activités qui vient interroger les notions de cohésion sociale. La place de l’art et des artistes dans la cité, des acteurs culturels professionnels et amateurs ne se mesure pas en suppléments d’âme et qualité de vie. Elle est aussi interprétations, projections de regards, d’itinéraires de vie.

La démarche d’accès aux pratiques culturelles dans les quartiers doit rechercher constamment l’action collective (enseignants, éducateurs, familles et résidents) et sa cohérence en lien avec le temps scolaire. La culture et l’éducation font partie des leviers privilégiés pour travailler les relégations urbaines (enclavement, échec scolaire). Parmi les pistes, figurent l’élaboration systématique de projets éducatifs territoriaux (PEDT), l’installation de résidences d’artistes. Inscrite dans la durée et en lien avec les éducateurs et une structure culturelle d’appui, cette initiative inédite aurait pour vocation de réaliser des produits artistiques associant les habitants. Enfin, le soutien aux réseaux d’échanges réciproques de savoirs, aux pratiques d’amateurs, à leur accompagnement par des professionnels se présentent là aussi comme un axe politique pour créer du lien populaire.

Le CESER préconise d’accroître la dimension culturelle des activités périscolaires organisées notamment dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, sources d’importantes disparités entre villes riches/pauvres, urbain/rural. Pour ce faire, il convient d’animer une réflexion générale (services de l’Etat, collectivités locales, société civile) sur la place des pratiques éducatives périscolaires pour en garantir la qualité sur tout le territoire. Cette démarche nécessite un plan de formation professionnelle adapté aux besoins d’encadrement.

Par Didier Hude

pour lire l’étude ici