Si la question du dérèglement climatique occupe aujourd’hui à juste titre le devant de la scène médiatique, celle de la préservation de la biodiversité n’en est pas moins importante pour l’avenir ni moins préoccupante. L’engagement pris notamment aux niveaux européen et national de stopper ou de ralentir l’érosion de la biodiversité n’est toujours pas tenu.
L’avis « Contribution des emplois de la biodiversité à la transition écologique« , dont le rapporteur était Alain Bougrain Dubourg, n’est pas le premier que le CESE a consacré à ce sujet important mais celui-ci a pour originalité d’aborder la question à partir de la problématique de l’emploi. Deux idées sous-tendent et justifient cette démarche : d’une part la transition écologique nécessite une transformation des modes de production, ainsi que des connaissances et donc de la formation et de l’emploi; d’autre part l’emploi est un bon indicateur de la prise en charge de cette problématique. Il s’agit donc de mieux repérer et connaitre les emplois de la biodiversité, de mesurer leur potentiel et d’en assurer le développement et la promotion.
S’appuyant sur les travaux de l’Atelier technique des espaces naturels (ATEN) et de l’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), l’avis détermine trois catégories : 22 000 les emplois spécifiquement consacrés à la biodiversité, 6 000 professeur.e.s de l’enseignement supérieur dont le métier est directement lié à sa préservation, et 48 000 emplois qui contribuent à cette préservation ( parmi lesquels les enseignants de SVT), soit 76 000 emplois en tout. Des emplois dont le nombre ne progresse que lentement et qui majoritairement relèvent du secteur public.
Cependant l’état des lieux est loin d’être achevé. C’est pourquoi tout un ensemble de préconisations porte sur la connaissance des emplois en question c’est à dire l’identification, la cartographie et la structuration des métiers: par exemple établir une cartographie des métiers concernés, mieux définir les compétences nécessaires mais aussi mesurer précisément « la répartition des emplois entre secteurs public, associatif, privé, ainsi que les parts respectives des emplois aidés, des stages de longue durée, du service civique ».
Le second chapitre des préconisations doit attirer toute notre attention et on peut que s’en féliciter : il vise à développer les connaissances nécessaires en matière de biodiversité et préconise notamment le développement de la recherche, avec un « effort de recrutement significatif dans la recherche publique (postes de chercheur.e.s et postes techniques) afin de répondre aux défis sur la biodiversité« , sans oublier la multiplication des interfaces entre la recherche et la gestion de la biodiversité. Il s’agit aussi de développer la formation continue dans le domaine de la biodiversité avec la création d’une plateforme commune et de favoriser les conventions entre associations de protection de la nature avec pour objectif la sensibilisation et la formation des salariés.
Enfin l’avis se termine par des préconisations pour développer les emplois de la diversité ; il pointe des secteurs où les pratiques doivent évoluer et ainsi donner lieu à des créations d’emplois nouveaux. C’est le cas notamment de l’agriculture, de l’architecture et de l’urbanisme, ainsi que du tourisme. Le débat principal a porté sur l’agriculture, et la position prise par l’avis, malgré d’importantes concessions lui a valu un certain nombre d’abstentions de la part des représentants des principaux syndicats agricoles. Le texte n’en a pas moins été largement adopté.
Par Gérard Aschieri, novembre 2016
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