Le système démocratique interrogé par les jeunes

Le CESE sonne l’alarme:  lien entre les jeunes, les institutions et les représentant-es élu-es s’est profondément distendu. Ce qui risque de perdurer au-delà de leur jeunesse si rien n’est fait. Pourtant les jeunes sont engagés. Un avis récent, co-construit par les membres du CESE et 12 citoyennes et citoyens,  donne quelques pistes de réflexion et d’action.

Plus de 40% des jeunes de 18-35 ans se sont abstenus aux dernières élections régionales or il se dit aussi que contrairement aux idées reçues les jeunes sont engagés. Comment expliquer cette contradiction apparente ?

Aujourd’hui, c’est un fait : les jeunes se désengagent des urnes et des engagements “traditionnels”, au sein de partis politiques ou dans les syndicats. Pourtant, ils sont plus nombreux que jamais à s’engager dans des associations, comme bénévoles, à signer des pétitions, à participer à des marches pour le climat, contre les violences sexistes et sexuelles, ou à aider leurs voisins, à créer des chaînes de solidarité au sein de leur quartier. La politique fait pleinement partie de la vie des jeunes français, mais sous une autre conception.

Le vote aujourd’hui n’est qu’une modalité parmi tant d’autres pour s’engager, pour montrer sa volonté de changer les choses, de s’impliquer dans la vie de la Cité.

La chose politique est toujours au cœur de la vie des jeunes, mais un sentiment envers la classe politique, certainement plus dur à combattre que le tous pourris qui dominait avant, est en train de s’installer : le “tous impuissants”. La politique traditionnelle ne semble pas capable de changer les choses, ni de s’intéresser suffisamment aux aspirations des jeunes.

Que propose le CESE pour favoriser l’engagement des jeunes et leur participation à la vie démocratique ?

Plus que des remèdes ou des solutions miracles, le CESE propose toute une série de préconisations qui font système, pour changer en profondeur le système démocratique, mais aussi afin de proposer un changement culturel sur la participation démocratique. On va par exemple proposer l’abaissement du droit de vote à 16 ans, une réforme de l’apprentissage de la démocratie dès le plus jeune âge, mais aussi le développement de modules de participation et d’association des citoyennes et citoyens à la construction des politiques publiques. D’un point de vue social, pour que les jeunes se sentent considérés et pour leur donner une juste place, nous préconisons également d’ouvrir les minimas sociaux aux moins de 25 ans.

Nous faisons aussi des préconisations sur le fonctionnement démocratique, en proposant une réelle prise en compte du vote blanc, une inscription facilitée sur les lisrtes électorales ou en proposant d’adapter et de faire évoluer les modalités de vote (ouvrir l’élection sur plusieurs jours, installer des urnes dans de nouveaux endroits comme les campus universitaires). Nous proposons également l’instauration d’une dose de proportionnelle aux élections législatives, dans la dynamique de “ressembler pour mieux représenter”.

Cet avis a été co-construit par des conseiller-es du CESE et 12 citoyen-nes tiré-es au sort. Quels principaux enseignements retenez-vous de cette participation citoyenne ?

L’enseignement principal : associer les citoyens est un enrichissement global et bénéfique à toutes et tous !

Ces 12 citoyennes et citoyens tirés au sort nous ont permis d’aller certainement plus loin que ce que nous aurions fait sans eux, d’adapter notre fonctionnement, de confronter nos positions au vécu direct de personnes éloignées du système politique. C’est tout de même essentiel quand on veut traiter de la question démocratique.

Et pour eux, nous l’espérons en tout cas, c’était aussi pour certains une découverte de la fabrique des politiques publiques, de la délibération, de la négociation, ainsi qu’une expérience démocratique leur ayant permis de s’impliquer au cœur de la troisième chambre de la République.