Des politiques de jeunesse… une nécessité

Le CESE appelle à lutter contre les discriminations liées à l’âge qui nuisent à court et long terme aux échanges intergénérationnels, et à la possibilité accordée aux jeunes d’agir et d’être associés pleinement aux transformations en cours. Après de longs débats, le CESE a adopté en décembre dernier une Résolution portant sur la nécessité de mettre en oeuvre des politiques de jeunesse structurantes et adaptées aux enjeux du XXIème siècle.

Les groupes ASE et Jeunes ont fait une déclaration commune:

« Tu as beaucoup de certitudes pour ton âge ». Qui a déjà pensé cela vis-à-vis d’une personne de moins de 30 ans ? A partir de quel âge pensez-vous que les certitudes deviennent acceptables ? Et si c’était une femme, aurait-elle aussi eu trop de certitudes ? Le président de la république s’est autorisé cette réponse face à un jeune homme manifestement anxieux pour son avenir. Cette phrase devrait nous faire bondir. Voilà qu’un citoyen dit à un autre citoyen qu’il doit se taire en raison de son âge. Où est l’égalité ? Où est la reconnaissance au droit d’expression, si chère à notre pays, et inscrite à l’article 12 de la Convention Internationale des droits de l’enfant ?

Ce préjugé comme tant d’autres imprègne la société et notre assemblée, il empêche tout travail de qualité, toute capacité à véritablement écouter et répondre aux réels besoins des populations les plus jeunes comme celles des plus âgées qui se retrouvent elle aussi, réduites à leur vieillesse et aux préjugés que l’on en a. Ces préjugés sont aussi vieux que le père de la philosophie antique puisque Socrate exprimait déjà que « les jeunes d’aujourd’hui aiment le luxe, ils sont mal élevés, méprisent l’autorité, n’ont aucun respect pour leurs ainés et bavardent au lieu de travailler. »

Si cette résolution a su marquer l’importance de lutter contre les discriminations liées à l’âge, elle n’a pas su aboutir à dénoncer l’âgisme et toutes ses conséquences à commencer par cette attitude profondément condescendante que nous avons face au plus jeunes (…)

Nous l’avons vu une fois de plus dans le processus de rédaction de cette résolution, nos préjugés sur l’âge nous imprègnent et nous empêchent de répondre efficacement aux besoins des populations.

Tout le monde sera d’accord que les jeunes sont en bonne santé quand 1/3 des jeunes adultes ont été en arrêt maladie en 2022 et 23% des jeunes salariés jugeaient négativement leur santé mentale contre 16% pour le reste de la population. Nos préjugés parleront d’une mode ou de la preuve de leur paresse ou difficulté à travailler.

Le travail. “les jeunes ne veulent plus travailler” ou dans sa version adoucie : “les jeunes ont un nouveau rapport au travail”. Aucune étude sérieuse n’a permis de le démontrer. En 1972 déjà les employeurs se plaignaient de ne plus trouver chez les jeunes « les qualités d’amour du travail, d’ambition et de sérieux qui, à les en croire, caractérisaient les générations précédentes » Pourtant, les jeunes salariés français sont statistiquement plus attachés au travail, devant leurs collègues plus âgésA nos amis employeurs, ne serait il pas tant d’innover dans le discours sur le rapport des jeunes au travail ?

Les jeunes sont moins sexistes et plus respectueux de l’égalité Femme-Homme, donc plus besoin de lutter contre le sexisme ? Le travail a été fait ? Pourtant, 22% des jeunes femmes ont subi un acte sexuel imposé et 1 jeune homme sur 4 estime qu’il faut savoir être violent pour être respecté. Le travail d’éducation reste plus que pertinent.

 L’accès à l’emploi et aux études supérieures permettra de résoudre les inégalités. Pourtant, les inégalités se construisent d’abord en fonction du patrimoine de votre famille à votre naissance et conditionnent en majeure partie votre capacité à poursuivre vos études et à inventer un avenir libéré de toute contrainte financière.

La jeunesse c’est l’âge de la joie et de l’épanouissement”… c’est pour cela qu’un jeune sur 5 présente des troubles dépressifs … Oui, affirmons qu’il existe des jeunes heureux, mais ne réduisons pas les jeunes à cela. La réalité des jeunesses est bien plus complexe, nuancée et plurielle.

L’âgisme fait entrave à nos capacités à débattre, à construire des réponses politiques fondées sur les réalités vécues par les jeunes et leurs aspirations et à rendre effectifs leurs droits. Nous pouvons regretter et dénoncer la pudeur ou le projet politique visant à invisibiliser toute la palette de nuances d’une période de vie, à la fois riches et pleine de vulnérabilités.

Le CESE propose des pistes d’évolution permettant d’autonomiser sur cette base les jeunes adultes qui n’auraient sinon pas les moyens de s’émanciper. Rappelons que cela passera par une protection sociale et financière des jeunes dès 18 ans et l’accès aux droits sociaux avant 25 ans.

Cette résolution aura eu le mérite de faire débattre comme aucun autre avis, aucun autre sujet hormis ceux concernant les droits des femmes (…)

Pour en savoir plus