CESER BRETAGNE

Le bilan du Ceser de Bretagne au mitan de la mandature est très riche. On peut même dire que la période a été particulièrement intense avec pas moins d’une dizaine d’études sur des sujets aussi variés que l’illettrisme en entreprise, la préservation de la biodiversité, la transformation des mobilités ou encore la « marétique », et marquée par des avis de grande ampleur sur des sujets aussi sensibles que le Pacte d’action publique conclu avec l’État, le SRADDET ou encore la régionalisation de la PAC. Si la période a été intense elle a aussi été fréquemment bousculée par de grands évènements au plan national et même international avec le Brexit.

Depuis un an, du fait de la crise sanitaire, les conditions drastiques imposées et la dématérialisation des travaux auraient pu ralentir l’activité du CESER. Il n’en a rien été au contraire, le CESER redoublant d’énergie pour produire en quelques mois plusieurs rapports majeurs sur la crise, ses conséquences et les perspectives à venir.

Le CESER de Bretagne n’est donc pas, loin de là, une institution ronronnante, déconnectée du réel. Il n’a d’ailleurs pas hésité à se confronter à l’actualité la plus chaude: quelques semaines seulement après l’irruption du mouvement des Gilets jaunes, notre CESER engageait un travail approfondi sur les causes de ce mouvement et sur les nombreuses questions qu’il pose notamment aux « formes sociales instituées ». Si le résultat a en grande partie déçu, les débats animés et même parfois très vifs dans les différents groupes de travail ont été passionnants. Vifs et passionnants, les débats l’ont été tout autant pour le SRADDET porté par la Breizh Cop régionale ou, plus récemment, sur le principe d’éco-socio conditionnalité des aides dans les plans de sortie de crise de la Région. Preuve que le dissensus fait aussi partie de la culture du CESER !

Sous l’impulsion d’un président très actif notre Ceser a aussi engagé une réflexion sur des évolutions possibles dans sa manière de communiquer et de travailler. L’élection en janvier d’un nouveau bureau, moins pléthorique, plus équilibré et plus féminisé, a marqué une étape positive même si, malheureusement, la FSU a une nouvelle fois manqué de quelques voix son entrée au bureau.

Alors peut mieux faire le Ceser ? Sans doute et notamment pour exposer plus visiblement les points de divergence dans les synthèses de ses travaux. La FSU plaide pour cela depuis longtemps.

La FSU plaide également pour un Ceser « hors les murs » capable d’aller au devant des citoyen·ne.s en d’autres occasions que pour la présentation d’une étude. Et pourquoi pas pour mettre ses réflexions et son savoir-faire au service des nombreux débats qui ont lieu localement (sur la santé, les transports, des projets industriels controversés, etc.) ? Cela permettrait en retour de s’instruire à l’écoute directe du terrain.

Inutile de dire que cette idée ne séduit pas, loin de là, toutes les composantes du Ceser. La revendication de participation directe des citoyen·ne.s portée par le mouvement des « Gilets jaunes » puis l’expérience de la Convention citoyenne pour le climat ont interrogé et parfois même inquiété certains des représentant·e.s de la « société civile organisée ». Au point qu’on assiste aujourd’hui à une crispation assez regrettable sur la question. Le collège syndical n’y échappe pas, tout de même que le collège associatif dont l’horizontalité aurait pu laisser penser qu’il serait plus en phase avec les demandes d’expression directe du terrain.

Notre Ceser pourrait faire mieux mais il ne pourra en tous cas pas faire plus. Or ces dernières années le CESER se retrouve confronté à une inflation des saisines de la part de la Région et dans des délais toujours plus brefs. A cela s’ajoutent des dossiers de plus en plus pléthoriques à l’ordre du jour du Conseil régional. Dans ces conditions il est bien difficile pour le CESER de conserver son rythme de travail pour instruire les questions ou pour trouver la bonne façon de les poser. Aux prises avec un impératif d’évaluation des politiques publiques de plus en plus techniciste, l’originalité du travail du Conseil risque de pâtir d’autant de cette accélération.

Si l’on devait ne retenir qu’une thématique sur laquelle notre Ceser est parvenu à imposer le consensus dans le débat public régional, ce serait incontestablement la transition écologique et ses conséquences pour nos modes de production. Reste que si désormais au fil des études et des avis toutes les parties se sont approprié l’idée, elle est bien loin d’être entendue de la même façon ! C’est particulièrement vrai, bien sûr, en matière « agri-agro » : le prétendu « modèle breton » a la vie dure, d’autant qu’à chaque échéance électorale l’exécutif sortant est tenté de « remettre un sous dans le cochon »… Or aujourd’hui les tensions montent sur le sujet, au point de faire craquer la bonhommie de façade : en témoignent les graves menaces et les actes de malveillance inquiétants dont ont été victimes récemment les journalistes Inès Léraud et Morgan Large.

Sur ce thème pour lequel le travail collectif dans le collège syndical devrait aller de soi, les initiatives communes manquent singulièrement ! De manière plus générale, rares, très rares même, sont les vœux portés collectivement ou les expressions communes de notre collège 2. Ainsi l’année dernière au plus fort de la crise et de la mobilisation « pour les jours d’après » autour de la pétition « Plus jamais ça !», la proposition de déclaration commune « Pour une vraie mutation économique sociale et environnementale en Bretagne – commençons par transformer l’outil de production agroalimentaire breton ! » portée par la FSU n’a-t-elle rassemblé autour d’elle que Solidaires et la Confédération paysanne.

La FSU n’est pas inactive pour tenter d’aller vers des initiatives communes et offensives. Il ne faut pas désespérer, il reste encore du temps avant la fin de cette mandature. Et ensuite on pourra compter sur l’énergie toute nouvelle d’autres camarades de la FSU au CESER pour faire avancer cette idée.

Jean Marc Cléry

FSU Ceser Bretagne