RURALITES : PLACE DES JEUNES

L’avis « La place des jeunes dans les territoires ruraux »  dresse un état des lieux particulièrement approfondi de ce que l’on peut savoir  des jeunes et des territoires ruraux et trace des pistes pour y  construire des politiques en faveur de la jeunesse. Une problématique qui d’ailleurs dépasse ce seul cadre.  Fruit du travail conjoint de deux sections, il a été adopté à l’unanimité par le CESE le 10 janvier 2016


Selon le rapport, les jeunes âgés de 18 à 24 ans, à la fois sans emploi et sans formation, sont proportionnellement plus nombreux à la campagne qu’en ville (24,4% contre 20,8%).En revanche, le taux de chômage des jeunes est moins important en milieu rural (25,1% contre 27,1% dans les villes). Si les enfants réussissent mieux dans le cadre de la scolarité obligatoire, les jeunes y font des études plus courtes, optent pour des filières professionnelles, entrent plus vite sur le marché de l’emploi : les femmes restent « moins qualifiées » que les hommes, l’accès à la prévention et aux soins reste délicat, et les espaces ruraux sont moins bien dotés en services et équipements culturels. En même temps l’attachement à leur territoire des jeunes qui y vivent est réel et ils s’engagent souvent dans des initiatives locales voire les impulsent.

A noter que  sérier  le sujet n’a pas été chose aisée…. La cause principale en est le manque de données précises plus ou moins récentes  à analyser. Force est de constater qu’il a été difficile voire impossible  de donner une définition unique de « la ruralité »… Les sections Aménagement  Durable du Territoire et Education Culture Communication ont assez vite chuté sur le fait qu’il était plus juste de parler  « des ruralités » et que les jeunes ne sont pas forcément confrontés aux mêmes problèmes selon le type de milieu géographique dans lequel ils vivent…. Le rapport pointe d’ailleurs cette difficulté en introduction…

Autre  remarque, en ce qui concerne les jeunes,  les éléments statistiques mis en avant dans le rapport font certes  apparaître des différences  mais ne doivent pas faire oublier que  les aspirations des jeunes en milieu rural ou en milieu urbain ne sont sans doute  pas si éloignées les unes des autres… Le rapport note que les jeunes des milieux ruraux expriment un « sentiment préoccupant d’abandon »… Pas de doute sur le sujet, mais  nombre de jeunes en milieu urbain pourraient  exprimer le même sentiment…

Un des enjeux de l’avenir  des jeunes en milieu rural tourne autour de la mobilité… Mais comment ne pas mettre en exergue certaines contradictions comme par exemple le fait que le transport ferroviaire a été volontairement  sacrifié, avec pour conséquence des difficultés de déplacement accrues pour les populations rurales en général et pour les jeunes en particulier?… La SNCF a abandonné des milliers de km de chemins de fer pour des raisons sans doute compréhensibles  du point de vue de la rentabilité à court terme  mais a-t-on mesuré les conséquences y compris au nom de cette même rentabilité sur le moyen ou le long terme?

Autre enjeu essentiel  l’engagement et  le rôle des politiques publiques « qui  ne s’intéressent pas ou peu aux jeunes » ruraux et se focalisent sur la seule enfance. « Alors que 9 élus sur 10 en milieu urbain considèrent la jeunesse comme étant une priorité, ils ne sont plus qu’un sur quatre en milieu rural »,

Pour tenter de remédier à tous ces problèmes, les rapporteurs préconisent, entre autres, de développer les études et la recherche sur le sujet, de « renforcer la diversité des filières de formation dans le secondaire », « favoriser l’égalité homme-femme », donner une « compétence jeunesse » aux communautés de communes et instaurer des « campus ruraux de projets », espaces à destination des jeunes pour créer des activités économiques, sociales, festives, etc, avec pour idée force de  faire confiance à leur capacité d’initiative. Il ne faudra pas oublier une politique volontariste de maintien et de développement des services publics sous des formes qui peuvent sans doute être adaptées mais qui ne peuvent en aucun cas se traduire par une absence quasi totale.

Bref un rapport et un avis intéressants qui appellent des suites.

Par Eliane Lancette

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