Jean François Naton

Le CESE a voté un avis intitulé «Pour des élèves en meilleure santé », élaboré par la section « Affaires Sociales et Santé » en collaboration avec la section « Education Culture et Communication ». Les deux rapporteurs en étaient Fatma Bouvet de la Maisonneuve, personnalité  associée, et Jean-François Naton, du groupe CGT. Ce dernier a répondu à nos questions.

1) Quel  est le constat qui a servi de base à cet avis?

La question de la santé des élèves n’est pas une question annexe : elle est une des conditions d’une école de la réussite pour tous et en même temps l’école est un espace incontournable pour la prise en charge de la santé des enfants et pour des politiques de prévention. Pour certains enfants c’est même le seul lieu qui permette un accès à la santé et un suivi en ce domaine. Quand on regarde les textes, ces dimensions semblent bien être prises en compte: il existe de multiples dispositifs mis en place au fil du temps mais justement l’accumulation des dispositifs peut être un obstacle à leur efficacité et un signe négatif. Et de fait quand on regarde ce qui se passe sur le terrain on s’aperçoit que les objectifs assignés par les textes sont très loin d’être atteints et que les dispositifs ne jouent pas réellement leur rôle : par exemple trop souvent les visites obligatoires ne sont pas assurés, les troubles de santé ou d’apprentissage pas assez détectés et les inégalités s’accentuent entre les populations et entre les territoires. C’est que les moyens ne sont pas à la hauteur des objectifs et ne manifestent en rien que la santé fasse partie des priorités de l’Éducation Nationale: nombre de rapports et d’interventions ont mis en avant notamment le manque de médecins mais aussi leur répartition inégale sur le territoire. Par ailleurs la discussion a mis en lumière l’importance des facteurs environnementaux,: qualité de l’air, bruit, état des toilettes, alimentation…Or ils sont trop souvent ignorés ou négligés.

2) Comment peut on résumer les préconisations de l’avis?

Nous n’avons pas voulu ajouter des textes nouveaux mais plutôt dire qu’il faut donner une impulsion nouvelle. Et pour cela nous proposons trois axes : l’implication de toutes les parties prenantes dans les actions de prévention, la coordination, pour garantir à tous les élèves une réponse à leurs besoins en matière de santé, et l’évaluation des actions conduites. Cela se décline en un ensemble de mesures Il est difficile en quelques phrases d’être exhaustif mais on peut citer le renforcement de la formation, notamment via la formation continue, de tous les membres de l’équipe éducative pour consolider une forme de culture commune en ce domaine; une meilleure information et implication des parents ; la mise en place dans le premier degré d’instances similaires au Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) mais adaptées à l’âge des élèves, la dynamisation des CESC du second degré pour renforcer l’implication sur les actions en santé. Nous préconisons également de rendre effective la visite médicale de la sixième année pour en faire le point de départ de la coordination et de renforcer la coordination entre la PMI et la médecine scolaire ; mais aussi d’assurer la continuité de la prévention santé au delà du lycée; de réunir systématiquement, quand la situation de santé d’un.e élève l’exige, l’équipe éducative dans son ensemble afin de mettre en place les mesures nécessaires en termes d’organisation de sa scolarité et d’ informer parents et élèves de cette possibilité à chaque rentrée scolaire, de créer une plate-forme d’orientation à disposition des parents et des élèves confronté.e.s à un problème de santé…Et bien sûr nous proposons des mesures pour une meilleure prise en compte des problématiques environnementales par les collectivités territoriales et pour la mise en place d’indicateurs nationaux permettant le suivi local des politiques de santé à l’École..

3) Est ce dire que vous ne proposez rien pour les personnels en charge de la santé des élèves ?

Au contraire ! Les préconisations que je viens d’évoquer ne seront efficaces que s’il existe des personnels qualifiés pour les mettre en œuvre. C’est pourquoi nous préconisons un plan pluriannuel de recrutement de médecins de l’Education Nationale avec une priorité pour les territoires qui en ont le plus besoin. Et tout un chapitre s’intitule « Valoriser les métiers de la santé ». Il s’agit bien sûr des médecins dont il faut revaloriser les rémunérations notamment pour réduire les écarts avec les autres médecins de la Fonction Publique mais aussi des autres métiers, notamment les infirmier.ère.es dont il faut reconnaître le rôle et développer la formation. Mais nous pensons que l’attractivité de ces métiers dépend aussi de l’intérêt des missions et des responsabilités qui leur sont confiées ; c’est pourquoi nous proposons notamment de reconnaître et valoriser leur rôle respectif en matière de recherche épidémiologique.

Par Gérard Aschieri

pour lire l’avis ici