Marie-Pierre Gariel

Le Cese a voté à la fin de l’année dernière un intéressant avis intitulé « Les défis de l’Éducation aux médias et à l’information », élaboré dans le cadre de la section Éducation, Culture et Communication. Nous avons demandé à sa rapporteure, Marie-Pierre Gariel, du groupe UNAF, de nous en parler. 

1) Pourquoi avoir choisi ce sujet ? Quels en sont les enjeux?

La circulation et le traitement de l’information sont plus que jamais un enjeu de démocratie et de cohésion sociale. Les nouvelles technologies de la communication permettent un circulation de l’information si rapide que cela donne une dimension inégalée à des phénomènes qui ne sont pas nouveaux, comme les rumeurs ou les fausses informations. Ces phénomènes ont besoin d’être examinés et cet avis s’inscrit dans la continuité du travail de notre section qui avait déjà traité des réseaux sociaux numériques et de l’engagement.

2) Quel constat fait l’avis sur cette situation nouvelle et sur les réponses qui lui sont apportées ?

Le constat est triple. D’abord une mutation du monde des médias qui a dû s’adapter aux nouvelles technologies et prendre un virage avec le numérique. Le deuxième constat est celui de la crise de confiance dans les médias qu’on a pu voir par exemple avec la crise des gilets jaunes mais pas seulement. Le troiisème constat concerne la désinformation : elle n’est pas nouvelle mais elle s’amplifie par l’intermédiaire des nouvelles technologies : internet, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche…

Face à cette situation il se fait déjà des choses : il existe des politiques publiques, conduites par différents ministères : Education nationale, Agriculture, Culture, Enseignement supérieur…, mais aussi une multitude de dispositifs et d’actions, très souvent émiettés et manquant de cohérence entre eux. Ces dispositifs et actions sont le plus souvent mis en œuvre par des associations d’éducation populaire, des organismes comme le CLEMI ou quelques organismes officiels, CSA, CNAF..par exemple. S’y ajoutent des actions faites par les parents ou pour les parents.

A partir de ces constats et de ce qui existe nous avons posé trois défis à relever : le défi d’une éducation qui s’adresse à tous et pas seulement aux jeunes, une éducation par la pratique car celle ci permet de responsabiliser chacun ; ensuite le défi de la formation et de la sensibilisation : formation des enseignants notamment qui doit être précisée dans ses objectifs et son cadrage, sensibilisation des professionnels du journalisme, en particulier ceux qui interviennent pour parler de leur métier ; enfin le défi de l’évaluation des actions conduites, qui implique de développer la recherche. Et bien sûr ces trois défis débouchent sur la question du financement pour lequel nous faisons une proposition concrète.

3) Ces trois défis se traduisent par dix neuf préconisations. Quelles en sont les principales ?

Une de celles qui me semblent importantes concerne les parents : ils sont adultes et ont besoin de se responsabiliser en matière de circulation de l’information et de se former eux mêmes et en même temps ils ont à transmettre à leurs enfants les premiers rudiments d’une éducation aux médias : dans le cadre de l’éducation à la parentalité il est indispensable de se soucier de l’éducation aux médias et à l’information. En second lieu se pose la question du rôle de l’Éducation Nationale : faut il faire de l’EMI une discipline à part ou un parcours ? Cette question n’est pas tranchée : le Cese propose dans un premier temps de faire un bilan, ce qui serait une bonne façon de remettre l’ouvrage sur le métier. Un troisième sujet est celui de la coordination : on a vu la diversité des dispositifs et actions, qu’il s’agisse de politiques publiques, avec des schémas directeurs, ou d’actions ponctuelles conduites par des associations ; dans cette situation on perçoit l’intérêt d’une coordination : notre idée est que pour cela l’état crée une instance avec des déclinaisons régionales rassemblant les divers acteurs avec un pilote qui pourrait être le CLEMI qui a déjà une grande expérience en la matière. Enfin nous avons fait le constat qu’il n’y avait pas de recherche sur l’EMI et nous avançons l’idée d’un appel à projet universitaire pour évaluer les politiques conduites en la matière : cette évaluation est un préalable indispensable à la mise en œuvre des politiques que nous proposons pour que l’Éducation aux Médias et à l’Information concerne tous les publics

Par Gérard Aschieri

Pour en savoir plus et lire l’avis : ici