Les enjeux du bien-être animal

La question du bien-être animal  en agriculture ne concerne pas que les défenseurs des animaux ; elle a des incidences sur les consommateurs et dépend en même temps des conditions de travail des salariés concernés. Parmi ses 21 préconisations, l’avis sur le bien-être animal du Cese recommande notamment l’amélioration des conditions de travail des salariés en abattoirs (réduction des cadences, rotation sur les postes, etc.) et la mise en place d’un étiquetage contrôlé pour contribuer à sensibiliser et responsabiliser le consommateur.

De plus en plus médiatisée , la problématique du bien-être animal a pris de l’ampleur ces dernières années en raison d’évolutions économiques et sociales. La place de l’animal s’est modifiée avec l’augmentation de la productivité et la spécialisation des productions agricoles, parallèlement à l’urbanisation d’une société aujourd’hui pas toujours au fait des réalités du monde agricole même si l’actualité de ces derniers a mis en évidence les difficultés des agriculteurs.
Le Conseil économique, social et environnemental a donc décidé de se saisir de cette question et a rendu le 27 novembre un avis sur les enjeux relatifs aux conditions d’élevage, de transport et d’abattage en matière de bien-être animal. Une meilleure prise en compte de ce sujet permettrait des progrès à tous les niveaux économiques, agronomiques, environnementaux, territoriaux et même sociaux …
Le Cese préconise plusieurs mesures pour favoriser le bien-être des animaux d’élevage, notamment en intégrant la problématique dans les plans de filière, par exemple dans le socle de base du cahier des charges des Viandes de France. Pour favoriser l’acceptabilité sociétale, le Cese estime également qu’un travail important de réorganisation est à mener au sein des filières pour éviter la destruction de jeunes animaux qui n’ont pas de valeur économique, comme les poussins ou les veaux mâles.
Pour limiter les temps de transports, le Cese insiste également sur la nécessité de mettre en œuvre un plan national dédié pour assurer un maillage équilibré des abattoirs de proximité, alors que beaucoup de petites structures ont dû fermer faute d’avoir les moyens nécessaires pour la mise aux normes. Ce plan pourrait également intégrer les solutions alternatives, comme les abattoirs mobiles et l’abattage à la ferme.
Parmi les principales mesures proposées par le Cese, une partie importante concerne les conditions de travail, notamment celles des salariés d’abattoirs : « Il ne saurait y avoir de bien-être des animaux de production sans des conditions de vie et de travail satisfaisantes pour les êtres humains en charge de leur élevage, transport et abattage. Elles constituent un prérequis fondamental : « un seul bien-être, commun aux animaux et à ceux qui travaillent avec eux » qui comprend aussi la préservation de l’environnement « , indique le Ces.
L’avis recommande ainsi de réduire les cadences, d’effectuer des rotations régulières sur les postes, de diminuer le temps de travail, mettre à disposition des équipements ergonomiques et un matériel adapté. La mise en place d’un suivi psychologique est également envisagé . Par ailleurs, le Cese émet des réserves quant à l’utilisation de caméras dans les abattoirs, considérant qu’elles ne peuvent se substituer « en aucune façon à l’inspection du vivant ».
Le Cese propose de renforcer et d’harmoniser les réglementations. Il évoque aussi le renforcement des normes pour la conception des bâtiments par exemple ainsi que l’harmonisation et l’amélioration des contrôles au sein de l’Union européenne. Une préconisation concerne la réglementation sur le transport des animaux vivants, le Cese souhaite à terme une limitation à 8 h en camion au sein de l’UE.
Enfin, l’avis insiste sur l’importance d’inclure le sujet du bien-être animal dans les accords de libre-échange « pour interdire les importations de viande ne répondant pas aux normes en vigueur en Europe. À ce titre, le Conseil considère que la ratification en l’état des accords de libre-échange (Ceta, Tafta, Mercosur…) n’est pas possible ».
La responsabilité des consommateurs est prise en compte par l’incitation à travailler davantage sur l’étiquetage pour informer sur les modes d’élevage, et à sensibiliser les consommateurs aux enjeux du bien-être animal.
Depuis le vote de cet avis, le gouvernement a présenté fin janvier une plan  qui prévoit la fin du broyage des poussins et qui reprend partiellement quelques préconisations du Cese dans son avis notamment sur le transport… Les associations de défense du bien être animal ont reconnu des avancées mais demeurent vigilantes sur la mise en œuvre qui reste très aléatoire.
Eliane Lancette

Pour lire l’avis : ici