L’agriculture urbaine

A l’heure où la prise de conscience écologique est en nette progression du fait en particulier des impacts de plus en plus concrets du changement climatique, l’avis du CESE « L’agriculture urbaine : un outil déterminant pour des villes durables » prend une dimension importante. Il succède à un avis consacré  à « la nature en ville : comment en accélérer la dynamique » de juillet 2018.

En effet 80% de la population mondiale va être une population urbaine et les villes telles qu’elles sont construites et développées comme des espaces de vie et d’activité provoquent aujourd’hui un surcroit de 10 degrés de température supplémentaire par rapport aux températures générales constatées. Pascal Mayol et Etienne Gangneron de la section Agriculture, pêche et alimentation ont piloté cet avis.

Il est organisé autour de trois parties : les définitions, les freins et les préconisations au nombre de seize.

L’agriculture urbaine est définie selon le CESE ainsi : « comme tout acte maitrisant un cycle végétal ou animal se déroulant en milieu intra-urbain (sur ou dans des bâtiments, des sous-sols ou en pleine terre dans des espaces interstitiels) et faisant le lien avec l’agriculture périurbaine et rurale qui se développe sur les mêmes bassins de vie. Elle se caractérise par la diversité de ses fonctions dont certaines peuvent relever de l’intérêt général : elle peut combiner production alimentaire, finalité sociale (interrelations, insertion, cohésion…) environnementale ( lutte contre les ilots de chaleur ,prévention et valorisation des déchets…) et pédagogiques (lien alimentation/agriculture, saisonnalité des productions …)…L’agriculture urbaine n’est pas confinée aux métropoles et peut se développer dans les villes et les bourgs ruraux.. »

L’agriculture urbaine a des formes différentes : à vocation marchande, servicielle, non marchande, à vocation mixte (notamment dans le cadre de l’économie sociale et solidaire).« L’agriculture urbaine offre de nombreux services environnementaux tels que la lutte contre les ilots de chaleur urbaine, la régulation de l’eau, la prévention des déchets, la captation de Co2, l’amélioration de la qualité de l’air ou encore l’aggradation de la biodiversité en ville »

Pour répondre aux défis considérables et même vitaux au sens plein et entier du terme, le texte donne des éléments et un plan de travail visant « à préparer les villes à affronter le changement climatique, la déplétion énergétique, l’effondrement de la biodiversité et les risques de rupture dans les productions et approvisionnements alimentaires annoncés pour les années à venir » (préconisation 2),

Plusieurs axes sont développés dont la nécessaire adaptation des règles d’urbanisme et des pratiques architecturales. La préconisation 7 demande « d’adapter les règles d’urbanisme pour permettre à l’agriculture urbaine de changer d’échelle et d’en faire un outil de l’objectif « zéro artificialisation nette » « du plan biodiversité »…et d’utiliser la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC)..pour tout projet immobilier urbain entrainant l’imperméabilisation de nouveaux espaces, la compensation (qui doit privilégier la « désartificialisation ») ne devant intervenir qu’en dernier recours après avoir cherché à réduire au maximum le gaspillage d’espace »

La création de nouveaux outils juridiques ou leur adaptation sont également soulignés afin que ceux calibrés pour le monde rural le soient pour la production en ville (statut du fermage et du métayage).

De nouveaux partenariats doivent être également initiés avec un rôle central de l’Etat et des collectivités territoriales (aides financières, aides techniques, conseil et expertise, intermédiation, mises à disposition d’espaces, prêts de matériels …).

L’agriculture urbaine a également un rôle puissant en matière de solidarité et de cohésion sociale. Elle favorise la mixité sociale, intergénérationnelle et culturelle. Le rôle des jardins collectifs : familiaux, partagés, d’insertion, pédagogique, thérapeutiques fait l’objet de la préconisation 11. La douzième développe le sujet des jardins scolaires et pédagogiques.

La distinction entre logique commerciale exclusive et logique au bénéfice de la collectivité dans son ensemble « doit être prise en compte par les pouvoirs publics pour le choix des projets à soutenir ».

Les projets à investissements hypertechnologiques producteurs de gaz à effet de serre et de pollutions, énergivores sont fortement interrogés quant à leur durabilité et dimension écologique.

Aujourd’hui 236000 m2 de sols sont artificialisés chaque jour et au moment où « le degré d’autosuffisance alimentaire des grandes aires urbaines est ainsi tombé à 2% en France » , « l’agriculture urbaine est une affaire sérieuse ».

L’avis a été adopté à l’unanimité .(165 pour).

par  Noel Daucé

pour lire l’avis : ici