
Les salarié.es et agent.es sont confrontés aujourd’hui à des évolutions contraintes telles que les crises sanitaires, les bouleversements climatiques et technologiques, l’essor du travail à distance, l’accroissement du travail indépendant lié aux plateformes. Des évolutions qui entraînent des effets négatifs sur leur santé: exposition à des températures plus intenses ou à des rythmes accélérés, stress lié à certaines pratiques managériales, fatigue informationnelle… Devant ce constat, le CESE a mené une étude sur la prévention en santé au travail. Un travail réalisé par Cécile Gondard-Lalanne (Groupe ASE) et Jean-Christophe Repon (Groupe Artisanat et professions libérales).
Si on note une diminution de 27,2 %des accidents du travail pour les hommes, les accidents de travail pour les femmes ont augmenté de 41,6 % (Source : ANACT 2022). Sans compter que les troubles de la santé mentale constituent un des défis majeurs de la santé au travail. Depuis 2022, les maladies mentales (20 %) ont dépassé les troubles musculo-squelettiques (TMS – 16 %) dans les motifs d’arrêts de travail.
L’étude du CESE rappelle tout d’abord le manque de culture de la prévention des risques professionnels en France par rapport à certains de ses voisins européens. En conséquence, elle appelle à la nécessaire amélioration des conditions de travail en mobilisant davantage la prévention primaire.
Pour une meilleure efficacité dans le traitement de ce sujet, elle prône ensuite un décloisonnement des approches de santé publique, santé au travail et santé environnement.
S’il semble évident que la prévention soit un réel levier de performance sociale et économique, pour autant, l’étude estime que nous sommes loin d’une prise de conscience généralisée.
La santé au travail est un « actif » qui doit être partagé par tous les acteurs de l’entreprise. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit ni plus ni moins que d’engager les communautés de travail à replacer l’humain au centre des organisations.
Plusieurs pistes sont suggérées par cette étude:
Le CESE recommande notamment de renforcer et amplifier les formations en santé au travail et santé-environnement dans les études de médecine et de les élargir aux professionnels de santé et de la prévention mais aussi aux acteurs du dialogue social (salariés et employeurs) dans les entreprises et la Fonction publique.
Le CESE appelle à adopter une approche genrée pour l’identification des risques (dont ceux liés au réchauffement climatique) et la prévention et à renforcer l’accompagnement des employeurs, particulièrement ceux des TPE, dans leur démarche de prévention.
Le CESE propose d’inscrire le principe d’écoute des travailleurs et travailleuses parmi les principes généraux de prévention du code du travail (article L.4121- 2) et de négocier sur l’articulation des temps de vie professionnel et personnel au niveau des branches et des entreprises, y compris dans la Fonction publique
Le CESE propose enfin des pistes de réflexion pour de futurs débats entre partenaires sociaux et pour la société dans son ensemble. Comment reconsidérer les pratiques managériales pour qu’elles participent mieux à la qualité de vie au travail ? Quelle responsabilité des donneurs d’ordre en matière de santé-sécurité au travail, notamment à l’égard des personnels de la sous-traitance ? Quels enseignements tirer des pratiques de mixité et de diversité au sein des collectifs de travail sur la bonne santé et la performance au travail ? …
https://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2025/2025_08_sante_travail.pdf