Normandie : les conditions de travail se dégradent

Les CESER, dans leur nouvelle composition ont été installés le premier janvier 2016. Depuis, le CESER normand travaille selon un calendrier contraint. Outre son installation, les difficultés inhérentes à toute fusion couplée ici à des déplacements de plus en plus longs et de plus en plus fréquents, les travaux du CESER ont été d’abord consacrés à l’examen des avis obligatoires. Depuis, le mois de juin dernier, le CESER a dû répondre, dans la précipitation, à la commande de huit saisines du président de région pour préparer le futur Contrat Régional de Développement Économique (CRDE) couplé au Schéma Régional de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (SRESRI).

 

 

Pour mémoir108499418e, les CESER, dans leur nouvelle composition ont été installés le 1er janvier 2016. Depuis cette date, le CESER normand travaille selon un calendrier contraint. Outre son installat
ion, les difficultés inhérentes à toute fusion couplée ici à des déplacements de plus en plus longs et de plus en plus fréquents, les travaux du CESER ont été d’abord consacrés à l’examen des avis obligatoires. Depuis, le mois de juin dernier, le CESER a dû répondre, dans la précipitation, à la commande de huit saisines du président de région pour préparer le futur Contrat Régional de Développement Économique (CRDE) couplé au Schéma Régional de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation (SRESRI). Des Groupe de Travail ont procédé à de maigres auditions laissant l’essentiel du travail de rédaction des avis à des chargés d’études surchargés. Un travail sur 4 mois dont 2 de vacances.
Tout pose questions. Le président de région a choisi huit sujets qui étonnent par leur éclectisme : l’intelligence économique en région, l’industrie automobile du futur, l’abattoir du futur ou l’économie circulaire, sans compter l’automobile et sans s’interroger sur les liens contradictoires entre ces différentes saisines. L’intelligence même économique n’est pas partagée par les dirigeants de cette nouvelle grande région…

Il est certes nécessaire d’examiner la question de l’intelligence économique qui est celle de la protection des données, des brevets, des productions entre autres.  Il est tout autant indispensable de penser les évolutions du secteur automobile, exemple pour les uns de « l’usine du futur » ou pour les autres ou les mêmes de “l’usine digitale”, mais la précipitation ne permet pas de saisir la complexité et d’être force de proposition. Quels impacts pour l’emploi ? Quelles relations de sous traitance ? Ces questions sont absentes de l’avis qui est, par ailleurs, prolixe sur le nécessaire lien école/entreprise allant même jusqu’à préconiser de s’inspirer de la « pédagogie de l’entreprise », sans doute pour conduire élèves et étudiants vers le stress, la dépression. De même, l’avis sur « l’économie circulaire » ne s’interroge ni sur les lignes de forces d’une politique à construire, ni sur les investissements nécessaires mais veut dégager une “gouvernance” toute technocratique. Un débat inintéressant qui montre une logique, celle du libéralisme et la mise en cause des processus démocratiques. Que veut dire le « dialogue social » dans ce cadre contraignant ?

On peine à dégager une ligne directrice, l’amorce même d’une réflexion sur une politique économique alors que la loi NOTRE désigne la région comme pilote en matière économique. On s’étonne aussi de ne pas voir la moindre réflexion sur la transition énergétique, axe central des précédents CRDE. L’absence de continuité des politiques souligne, à l’envi, l’incongruité (ou l’impossibilité) pour de nombreuses régions à concevoir unormandiene politique économique régionale autonome. La Normandie comme d’autres, avec des financements de plus en plus réduits, reproduit, langage technocratique à l’appui, la logique européenne de” spécialisation intelligente” qui met en concurrence   les régions et conditionne l’octroi des fonds européens gérés dorénavant par le même conseil régional. Il nous faut nous interroger sur cette logique qui renforce les inégalit
és régionales, concentre les aides sur les seules grandes entreprises, spécialise la recherche en privilégiant la recherche appliquée notamment privée au détriment de l’université publique. Faut-il le rappeler ? L’ensemble de ces plans, dans une logique « adéquationniste » que nous sommes bien seuls à condamner, vise à orienter la carte des formations professionnelles initiales et continues.

La lutte contre les inégalités, un problème pourtant au cœur es réponses dans la crise actuelle du capitalisme, comme l’aménagement du territoire semblent être de vieilles lunes pour ces dirigeants régionaux qui pensent que tout se résout en faisant confiance aux entreprises, au patronat. Une erreur profonde.

Au regard de ce calendrier et des modalités de travail, le risque est fort d’avoir des orientations du CRDE et du SRESRI qui seront loin de répondre aux besoins de la population. Indépendamment du changement de majorité, c’est la reproduction de discours prémâchés et convenus qui domine.

Par  Eric Puren et Nicolas Bénies,  octobre 2016

Le site du CESER NORMANDIE