2015-2021 Premier bilan

Une mandature d’un peu plus de 5 ans  vient de se terminer. Une nouvelle mandature va commencer avec un Cese dont la composition et les missions sont sensiblement modifiées. Nous avons accompagné ces années avec la publication régulière de cette lettre électronique. Le moment est venu de faire un premier bilan.

Pour la première fois depuis que la FSU est représentée au Cese elle a pu l’être par trois camarades, un conseiller, Gérard Aschieri , et deux « personnalités associées », Eliane Lancette pour la section Éducation, Culture Communication et Noël Daucé pour la section Travail et Emploi. La différence entre conseillers et personnalités associées est que les conseillers votent les textes et participent aux séances plénières alors que les personnalités associées participent aux formations de travail auxquelles ils sont rattachés avec voix consultative mais les uns et les autres participent à l’élaboration des avis, rapports et études.

Premier constat : contrairement à ce que disent parfois des médias le Cese est un lieu où on travaille : les avis sont élaborés collectivement après de nombreuses auditions et discussions au sein des sections, délégations et commissions temporaires ; les projets sont souvent largement amendés au cours de séances de travail intense. En revanche les séances plénières sont beaucoup plus formelles avec une présentation des avis puis une expression très encadrée où chaque groupe donne son avis explique son vote en trois minutes : une forme pesante sans véritable débat ni interactivité qui sans doute nuit à l’image du Conseil.

La richesse et l’intérêt du Cese provient de la rencontre de représentants d’organisations diverses et de la confrontation des intérêts, préoccupations et points de vue : échanger et élaborer avec des représentants d’autres organisations syndicales, d’organisations patronales, d’organisations de jeunes, des associations, des défenseurs de l’environnement…, élargit bien sûr le champ de vision mais aussi permet de construire des propositions qui prennent en compte la diversité des points de vue et donc rechercher ce qui peut être commun sans pour autant toujours pousser sous le tapis les désaccords.

Certes cette richesse n’est pas toujours au rendez vous ; d’abord parce que la société civile n’est pas représentée dans toute sa diversité : pour ne prendre qu’un exemple aucune organisation de chômeurs et précaires n’y est présent en tant que telle- et avec la réduction du nombre de membres et la composition annoncée par le gouvernement cette faiblesse ne fait que s’accentuer. De ce point de vue l’exclusion d’ATDQM et du Planning Familial notamment  et la réduction du nombre d’organisations de jeunes sont un très mauvais signal. Ensuite parce que les pratiques et les rapports de force ne sont pas les mêmes dans toutes les formations de travail et sur tous les sujets et parce que tous les groupes représentés n’ont pas la même attitude, certains se contentant de défendre leur pré carré ou de faire du lobbying au lieu de chercher à construire du commun. Enfin parce que l’on a assisté à une bureaucratisation croissante du fonctionnement du CESE avec une présidence et un bureau qui n’ont cessé d’instaurer des règles formelles dont certaines sont certes justifiées mais qui souvent ont eu pour résultat de contraindre les formations de travail sans tenir compte de l’avis de leurs membres.

Il n’en reste pas moins que nous avons pu régulièrement faire prendre en compte nos préoccupations et nos mandats et que nombre d’avis, loin d’être mous ou insipides, contiennent des analyses et des préconisations qui sont autant de points d’appui pour nos revendications et contredisent les politiques mises en œuvre par les pouvoirs publics. Ce fut la cas par exemple pour les deux avis sur la Fonction Publique où l’on trouve une défense en règle du statut et des propositions intéressantes ; ce fut encore plus le cas pour les avis récents sur la loi de programmation de la recherche qui démontent la politique du gouvernement et formulent des préconisations où l’on retrouve largement les revendications des personnels de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ; même chose pour l’avis récent sur l’Hôpital public . On peut également citer les avis sur les personnes vivant dans la rue ou sur la grande pauvreté, ceux nombreux sur la transition écologique, sur la lutte contre le réchauffement climatique où la question de la justice sociale est régulièrement présente. Et derrière l’inventaire à la Prévert que semble parfois constituer la liste des travaux ce sont des enjeux essentiels pour la société que l’on retrouve régulièrement. On ne peut les citer tous car ils sont nombreux et très diversifiés : en parcourant le site www.fsu-cese.fr on peut s’en rendre compte.

Cette mandature a été aussi celle où s’est amplifiée l’ouverture à la participation des citoyens : cette tendance était déjà présente dans la mandature précédente mais s’est amplifiée avec diverses expérimentations pour cumuler avec la Convention Citoyenne pour le Climat : il importe d’en faire un bilan critique sans les idéaliser car certaines expériences se sont révélées plutôt décevantes mais l’intérêt de cette ouverture n’est pas à sous estimer ; à condition de ne pas oublier pour autant que les organisations représentatives sont porteuses d’une expérience et de mandats élaborés collectivement à partir de leur connaissance du terrain qui leur confèrent une incontestable légitimité.

Au final nous avons pu apprécier et essayé de faire partager- notamment par cette lettre- la richesse et l’intérêt des travaux du Cese et le principal regret que l’on puisse formuler est de constater combien les responsables politiques et nombre de médias méprisent et ignorent ce qu’il produit. Si un certain nombre de ses avis avaient été vraiment pris en compte nous ne serions sans doute mieux à même de faire face aux défis et crises de tous ordres auxquels notre société est confrontée.

Mais c’est aussi la responsabilité des militants syndicaux et associatifs de s ‘appuyer sur ces travaux pour défendre et faire avancer leurs revendications. C’est la raison pour laquelle cette lettre se poursuivra pendant cette nouvelle mandature.

Gerard Aschieri, Noel Daucé, Eliane Lancette