Vers une bioéconomie durable

La plupart des processus économiques s’appuient déjà sur une base naturelle, pas seulement les ressources fossiles ou l’eau mais aussi celles qui relèvent du vivant. Ainsi la biomasse annuelle collectée par l’humanité représente, si on la convertit en équivalent énergétique, « cinq mille millions de tonnes d’équivalent pétrole soit 42% de la consommation mondiale d’énergie primaire ». Cette réalité a été à la base du concept de bioéconomie théorisé dans les années 1970. Mais des interprétations diverses de cette notion coexistent. Cela implique de se donner les moyens d’une conception partagée qui permette de développer des politiques publiques.

L’avis du CESE, rapporté par Jean David Abel et Marc Blanc, définit la biodiversité comme une « économie fondée sur l’utilisation de la biomasse plutôt que sur celle des ressources fossiles« ,  en d’autres termes une économie qui s’appuie de plus en plus sur « les ressources naturelles, agricoles et forestières« , ce qui « représente un changement majeur pour les systèmes socio-économiques, agricoles, énergétiques et techniques, ainsi qu’une transformation forte des systèmes actuels de production et de distribution« .

Si l’utilisation des ressources de la nature est aussi ancienne que l’humanité, l’enjeu aujourd’hui est celui de la durabilité de ces ressources . »D’une manière générale il s’agit de remplacer des ressources non renouvelables (…) par des ressources renouvelables exploitées de façon durable« . Il importe de se soucier de leurs conditions de production à la fois pour garantir leur renouvellement mais aussi pour préserver la santé des consommateurs. Et c’est ce souci de la durabilité qui est essentiel en ceci qu’il ne concerne pas seulement les ressources fossiles en voie d’épuisement mais aussi celles qui constituent la biomasse. De ce point de vue la question de la production agricole est centrale.

L’objet du texte est d’abord de définir les conditions d’une stratégie favorable au développement de la bioéconomie en mettant en avant des orientations et des principes mais en restant souvent ouvert sur leur mise en œuvre effective, ce qui a l’avantage de laisser la place au débat : il insiste donc beaucoup sur la méthodologie, sur les conditions d’élaboration de cette stratégie, sur les critères d’évaluation et sur les outils à créer ou développer. Ainsi il met l’accent sur la nécessité de mettre en place des critères de durabilité environnementale, économique mais aussi sociale. Il souligne l’importance de prendre appui sur les principes de l’économie circulaire et de penser des approches territoriales.

Pour ne prendre qu’un exemple, l’avis met l’accent sur l’importance de la recherche, notamment parce que le développement des biotechnologies est pour lui une clé du développement de cette économie, mais pas seulement. La recherche doit jouer tout son rôle par exemple pour développer « le remplacement des produits dangereux » ou « les process industriels les plus économes en consommation d’énergie« . Il s’agit donc de créer les conditions d’un développement de la recherche, de valoriser les résultats de ses travaux mais aussi de coordonner ce qui existe déjà. Pour cela il faut des moyens, des personnels « capables de participer au développement des connaissances nouvelles« , mais aussi un cadre éthique, de la transparence et des débats structurés. Pour fédérer et gagner en rationalité et efficience l’avis propose deux solutions au choix : créer un GIP regroupant notamment le CNRS, l’INRA, l’ADEME ou mettre en place un Institut Français de la Bioéconomie. Il préconise par ailleurs de mobiliser l’enseignement agricole pour répondre aux besoins spécifiques d’emplois et de formations liés au développement de cette bioéconomie.

Avec cet avis le CESE poursuit sa réflexion sur les nécessaires transformations des modes de production qui à la fois permettent l’émergence de formes nouvelles de développement économique, porteuses d’avenir et créatrices d’emplois, et prennent en compte les défis de la transition écologique et de la lutte contre le dérèglement climatique. Des démarches qui en même temps visent à améliorer la qualité de notre vie et développer les solidarités. En ceci il rejoint par exemple les textes adoptés sur l’agroécologie ou sur la biodiversité.

par Noël Daucé

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